Art.07 (10 juin 2003)

CELIBATAIRES : PRISON OU LIBERTE ?

Pour les 9 millions de personnes qui vivent seules en France, est-ce un choix ou une fatalité?

1. "La pauvre, elle a coiffé Sainte Catherine". Jusqu'à la moitié du 20è siècle au moins, toute jeune fille non mariée après l'âge de 25 ans avait peu de chances de trouver un mari! Ses parents désespéraient de la voir quitter le domicile familial et fonder sa propre famille! On disait qu'elle "coiffait Sainte Catherine", et les aînés (n.m. the elder) se demandaient ce qu'elle allait devenir dans une société où le couple était le modèle de l'existence parfaite.

2. Où en sommes-nous, un demi-siècle plus tard?
A l'heure actuelle (at the moment) , la France compte 9 millions de personnes qui vivent seules (soit (that is to say) une personne sur (out of) trois). Parmi elles, les statistiques dénombrent : 3,3 millions de célibataires, 2,5 millions de veufs (widower, widow) , 1,8 million de monoparents, 1,1 million de divorcés et 0,3 million d'individus qui sont mariés mais vivent seuls.
Chiffres en constante
augmentation (n.f. the increase) depuis les nouvelles lois dans les années '70 (the seventies), qui permettent le divorce par simple consentement (the consent) mutuel.
En quelques années, le nombre de divorces passe de 10 à 40%, l'union libre est acceptée, les femmes arrivent en masse sur le marché de l'emploi et acquièrent de ce fait une indépendance financière qui leur donne une autre vision de leur
avenir (n.m. the future) et retarde (v. retarder gr. 1 : to delay) leur choix d'un partenaire. Elles ont un travail, elles ne sont donc plus à charge (n.f. the burden) de leur famille. Mais en revanche (in compensation), plus les femmes sont diplômées, plus (the more ... the more ... ) il leur est difficile de trouver un mari! Leur réussite "refroidit" (v. refroidir gr. 2 : to cool) les candidats, en quelque sorte! En parallèle, la précarité de l'emploi pour les hommes réduit leurs chances de trouver une épouse, car les femmes recherchent encore quelqu'un de solide pour partager (v. gr. 1 to share) leur vie et fonder une famille. Ce que les hommes ne peuvent plus toujours leur offrir.

3 .
Cette libération des moeurs (n.f. pl. morals) représente un choix de la vie en couple ou seul. Si l'on choisit de vivre en couple, on veut dorénavant (from now on) avoir la possibilité de s'épanouir (v. s'épanouir gr. 2 to blossom) dans le couple en gardant chacun la liberté de vivre en se faisant plaisir, sans contraintes de la part du partenaire. Sous cette pression des individualismes, il arrive de plus en plus que le couple se brise (to break), pour se recomposer avec d'autres acteurs.
Ainsi, les "célibataires" ne sont-ils pas nécessairement des
vieux garçons (n.m. the confirmed bachelor) ou des vieilles filles (n.f. the spinster) incasables, et perdus à tout jamais pour la vie de famille! Souvent, les personnes seules sont des couples éclatés! Des célibataires qui ne le resteront pas forcément longtemps, malgré l'éloge de la liberté retrouvée!

4. Car, si le couple n'est plus le modèle unique de la société (comme c'était le cas jusque dans les années '60), il reste un signe extérieur d'épanouissement. Si on apprécie d'être libre, on redoute (v. redouter gr. 1 : to fear) tout autant (quite as much) la solitude. Et si on quitte un partenaire, on rêve de reconstuire un couple au plus vite.
Commence alors, la course à
l'âme soeur (n.f. the soul mate) ! Sur ce marché des rencontres, on ne trouve pas que des jeunes célibataires en quête (n.f. the quest / the search for) d'un premier partenaire pour former un premier (-et définitif???) couple. On voit aussi des divorcés, des hommes et des femmes qui vivaient avec un partenaire en union libre et qui se sont séparés, des mères célibataires qui ont choisi d'avoir un enfant sans le père, des veufs et des veuves (encore plus nombreuses que les veufs). On doit aussi y ajouter les homosexuels de plus en plus reconnus par la société mais qui n'en restent pas moins souvent seuls.

5. "Dans notre jeunesse, disent les anciens, les jeunes se rencontraient souvent au petit bal du village, au mariage d'un membre de la famille, dans les activités paroissiales..."
Comment font-ils maintenant que les bals n'attirent plus que quelques vieux nostalgiques de la valse et autres danses passées dans le domaine des danses de salon ? Même les discothèques, avec leur sono
assourdissante (deafening) et leur musique à danser chacun pour soi, ne favorisent pas des rencontres durables! Quant au bal traditionnel du 14 juillet, quoi de plus ringard (old-fashioned)!
Les filles sortent entre copines, les garçons n'
osent (v. oser gr. 1 : to dare) pas rompre (to break) leur cercle dont ils se sentent confusément exclus, et établir le contact avec l'une d'elles!

6. Au cours des dernières décennies (n.f. the decade*), des centaines de clubs se sont créés (et ne cessent de prospérer!) pour proposer le partenaire qui correspond tout à fait au profil du candidat! C'est ainsi que certains clubs de rencontres proposent des "bilans affectifs" (n.m. the summary) , sur le même principe que les bilans de compétences professionnelles. On cherche un partenaire comme on cherche un emploi, avec les mêmes (same) (rares?) chances de réussite (n.f. the success) ! Après le bilan, on peut s'inscrire à un stage de techniques de séduction!
Et que dire des nouvelles formes de rencontres qui nous viennent d'Outre Atlantique, comme les "speed-datings" ou les "blind datings" ou encore des
foires (n.f. the fair) aux célibataires organisées jusque dans les petits villages? Sans oublier le web! De plus en plus de couples avouent s'être trouvés sur la toile!

Pourquoi pas, si cela peut apporter un remède à la solitude? Ne vaut-il pas mieux admirer un joli paysage, s'extasier devant une oeuvre d'art ou savourer un plat nouveau en compagnie?

*in French, une "décade" is a period of ten DAYS! une "décennie" is a period of ten YEARS!

© ENEFF 2003