Art. 23 (31 déc. 2003)

LE CHOCOLAT

Noir, au lait, blanc, en tablettes (n.f. the bar), en bonbons (n.m. the sweet) ou en pralines : aucun doute, il vous accompagnera dans cette période de fêtes et vous fera débuter la nouvelle année en douceur (smoothly)!

1. Comment résister en voyant les vitrines regorgeant (v.gr.1 to abound in sth ) de chocolat sous toutes ses formes? Les fêtes de fin d'année (avec Pâques), représentent la période des ventes de chocolat les plus fortes de l'année.
Préparé à base du cacao produit par les pays de l'hémisphère sud, il est par contre consommé essentiellement par les habitants des pays de l'hémisphère nord. Ainsi, 60% de la production mondiale de chocolat est consommée en Union européenne et aux Etats-Unis (au total 20% de la population mondiale).
Si les Français sont dans leur majorité amateurs de chocolat noir, (44% avouent (v.gr.1 to confess) en manger chaque jour; 81% plusieurs fois par semaine) ce sont les tablettes de chocolat au lait qui sont le plus vendues. Avec le chocolat blanc, elles ont la préférence des Suisses qui arrivent en tête des consommateurs (n.m. the consumer) de chocolat (plus de 10 kg par an et par habitant).
Les Américains aiment le chocolat sous forme de tablettes, et le préfèrent très sucré. Les Allemands, les Autrichiens et les Belges l'aiment en bonbons très crémeux, appelés pralines en Belgique. Les Anglais mangent plutôt les très british toffees alors que les Italiens craquent (v.gr.1 not to be able to resist) pour les gianduia (chocolat à la crème de noisette). Les Espagnols, eux, adorent le chocolat sous forme de boisson.
Cela explique sans doute le fait que la consommation de cacao a doublé en 40 ans.

2. Mais la tablette que vous connaissez n'a pas toujours existé, loin de là! Et le chocolat a d'abord été consommé sous forme de boisson, froide, amère (bitter) et épicée (spicy).
Des poteries datant de 1800 avant J.-C. ont été retrouvées en Amérique centrale et permettent d'attribuer la découverte (n.f. the discovery) du cacao aux Indiens Mayas d'Amérique centrale. A cette époque, les Mayas introduisent la culture du cacao dans les plaines humides du Yucatan. On ne sait pas comment ils en sont venus à la préparation du chocolat, à partir des fèves (n.f. the bean) du cacaoyer. On sait qu'ils faisaient fermenter les fèves, qu'ils les grillaient et qu'ils les broyaient. La pâte obtenue était mélangée à de l'eau et à de la fécule (n.f. the starch) de maïs pour en faire une boisson. Ils y ajoutaient du miel (n.m. the honey) et du piment. Le chocolat, qui tire son nom du maya xocoatl avait la réputation d'être revigorant et aphrodisiaque. Mais à partir de 900 après J.-C, la civilisation maya décline et est remplacée par les Aztèques qui poursuivent le commerce du cacao. Le chocolat reste une boisson de luxe et les Aztèques le consomment parfumé de vanille, de cannelle (n.f. the cinnamon), de fleur d'oranger, avec une pointe de poivre et de clou de girofle (n.m. the clove). Arrive alors la période des conquêtes espagnoles. Au XVIè siècle, Hernando Cortès ramène du Mexique des cargaisons entières de fèves en Espagne.
La boisson est transformée pour mieux coller (v.gr.1 to stick) au goût européen : on élimine les piments et on ajoute du sucre. Mais c'est toujours sous sa forme liquide que le chocolat est consommé. Il devient vite populaire dans les salons mondains européens. On le dit bon pour le foie (n.m. the liver), pour la digestion, il calme la fièvre et fortifie le coeur. Mais il a une autre vertu non négligeable : son commerce lucratif fait rentrer pas mal d'argent dans les caisses de l'état espagnol!

3. Peu à peu les autres pays d'Europe se lancent dans la fabrication de boissons chocolatées. Les plantations de cacaoyers se développent dans toutes des colonies d'Amérique latine, du Sud-Est asiatique et de l'Afrique.
Lentement, on commence à élaborer des produits solides avec le beurre (n.m. the butter) de cacao. Au début du XIXè siècle, la vapeur (n.f. the steam) remplace l'hydraulique et améliore les rendements (n.m. the output) . Des industries spécialisées dans la fabrication de chocolat naissent (v.gr.3 to to spring up). Le niveau de vie augmente et le chocolat n'est plus le privilège de l'aristocratie.
C'est le moment où les grands noms de l'industrie chocolatière apparaissent : Conrad Van Houten (Pays-Bas), John Cadbury (Grande-Bretagne), Jean-Antoine-Brutus Menier (France), Philippe Suchard (Suisse). En 1875, les Suisses Daniel Peter et Henri Nestlé lancent le chocolat au lait et leur compatriote, Rodolphe Lindt invente une machine qui malaxe (v.gr.1 to knead) la pâte de cacao et le sucre et donne une texture veloutée au chocolat.


4. Mais un vent de tempête souffle sur le monde du chocolat! En cette fin d'année 2003, une directive européenne sur les produits de cacao et de chocolat entre en application : elle autorise les fabricants à remplacer jusqu'à 5% du beurre de cacao par une autre graisse (n.f. the fat) végétale. Comme le prix des fèves est devenu très élevé, cette opération permet d'abaisser (v.gr.1 to reduce) les coûts de fabrication (et, du moins l'espère-t-on, les prix de vente!). Mais il pénalise les amateurs de chocolat noir, où, traditionnellement, le beurre de cacao est la seule graisse utilisée! Ils devront être très vigilants et s'assurer que la mention obligatoire (compulsory)"contient des graisses végétales en plus du beurre de cacao" est bien indiquée. Cela évitera aux passionnés de pur noir de se tromper!

5. Chocolat folie ou folie du chocolat? Il inspire toujours les créateurs : oeuvres éphémères de pâtissiers chocolatiers, artistes qui réalisent des tableaux avec le chocolat sous toutes ces formes, ou encore grands couturiers qui confectionnent des vêtements d'un jour (comme le couturier Alexandre Barthet avec le chocolatier Godiva).
Quelques cuisiniers audacieux proposent des recettes de sauce au chocolat pour accompagner les viandes. Du poulet au chocolat, ça vous tente? Ils ne font pas vraiment preuve d'originalité puisque les Aztèques l'avaient déjà au menu!
Folies? Sans doute! Mais aussi preuve que le chocolat ne laisse pas indifférent!

Encore une chose : le chocolat est bon pour le moral, alors, ne vous en privez pas!

 

© ENEFF 2003