Art. 22 (10 déc. 2003)

LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES

Une Journée Internationale pour en parler : est-ce bien suffisant?

1. Le 25 novembre a eu lieu la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard (towards) des femmes, et si le sujet est grave, il semble qu'il a eu un retentissement (n.m. the impact) dans la presse, moins important que la mort de l'actrice française, Marie Trintignant, début août 2003, victime des coups de son compagnon le chanteur Bertrand Cantat. Mais si l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies a jugé nécessaire en 1999 d'instaurer (v.gr.1 to introduce) cette journée pour attirer au moins une fois chaque année l'attention du public sur ce problème, c'est qu'il est de taille (considerable)! Et le triste décès de l'actrice française nous montre qu'il ne touche (v.gr.1 to concern) pas seulement les pays en voie de développement (n.m. the developing country) ni les classes défavorisées (underprivileged) uniquement.

2. Dans le monde entier, une femme sur trois (33%) sera, au cours de sa vie, confrontée à la violence : coups (n.m. the blow), viol (n.m. the rape), prostitution forcée, sévices (n.m.pl. the brutality) de tout genre (n.m. the kind) (y compris la pression mentale). En France, les statistiques disent que chaque mois six femmes meurent sous les coups de leur mari (n.m. the husband). Il semble que ces chiffres (n.m. the figure) sont très sous-estimés puisque une enquête (n.f. the survey) des urgences (n.f. the emergency) de Paris indique que 60 femmes sont tuées chaque année à Paris uniquement. Et il faudrait ajouter à ces tristes statistiques, le nombre de femmes qui sont à bout (v.gr.3 to be all in) et finissent par (v.gr.2 to end up) se suicider! Selon (according to) un rapport de l'ONU, le taux de suicide chez les femmes battues (v.gr.3 to beat) en France est cinq fois supérieur à celui des autres femmes.
Notre pays est pourtant (yet) le pays des Droits de l'Homme (Human Rights)! Sans doute les femmes ont-elles été oubliées dès la rédaction de cette célèbre Charte!

3. Pourquoi est-il si difficile d'avoir des informations précises sur le sujet? Tout d'abord, ces femmes vivent dans la terreur, sous la menace constante de représailles (n.f.pl. the retaliation) de la part de leur mari, ou de leur compagnon, et elles se décident difficilement à franchir le pas (v.gr.2 to take the plunge) et à aller les dénoncer à la police. De tout temps, on les a fait culpabiliser (v.gr.1 to feel guilty)! Elles étaient battues parce qu'elles ne se comportaient (v.gr.1 to behave) pas bien avec leur mari, ou parce qu'elles étaient provoquantes! Et longtemps, les plaintes (n.f. the complaint) sont restées sans suite (without result). On estime qu'à l'heure actuelle 10% seulement de celles-ci aboutissent (v.gr.2 to result in sth). Souvent aussi, c'est la femme qui cède (v.gr.1 to yield) à la pression du mari ou de sa famille et qui retire (v.gr.1 to withdraw) sa plainte.
Après avoir porté plainte à la police, pouvaient-elles tranquillement rentrer chez elles? Quel autre choix avaient-elles? Ce n'est qu'au cours de la dernière décennie que des mouvements de bénévoles ont commencé à ouvrir des centres d'accueil et que les femmes battues ont compris qu'elles pouvaient s'y réfugier.
Dans certains pays, les femmes ne sont pas autorisées à sortir seules. Comment dès lors (consequently) iraient-elles faire constater par un policier (souvent un homme) les traces que les coups de leur mari ont laissées sur leur corps (n.m. the body)?

4. Quelle catégorie est particulièrement exposée? Aucune spécialement. On constate même que, plus on monte dans l'échelle sociale (n.f. the social ladder), plus les femmes culpabilisent et se disent qu'elles auraient dû mieux soutenir (v.gr.3 to support) leur mari dans sa carrière. Il arrive qu'un médecin fasse interner sa propre (own) femme sous prétexte qu'elle est folle. En outre, dans la classe sociale supérieure, le mari souvent préfère garder sa femme à la maison et il a su lui faire comprendre qu'elle n'avait pas besoin de chercher un emploi. Et si ça tourne mal, la femme se retrouve à la rue, sans ressources et parfois trop âgée ou pas assez qualifiée pour se placer sur le marché de l'emploi. Et si elle n'a pas de revenus, elle n'aura pas la garde des enfants! Si par chance elle avait un emploi, elle est parfois priée de ne pas se présenter sur son lieu de travail connu du mari violent! (Les employeurs ne veulent pas de bagarres (n.f. the brawl) dans leur entreprise)! De quoi faire hésiter à franchir (v.gr.2 to walk through) la porte d'un commissariat (n.m. the police station)!

5. Il serait intéressant d'analyser le coût de la violence à l'égard des femmes. Il est immense! Non seulement elle prive la société des compétences d'un grand nombre de femmes, mais aussi, il pèse sur la démographie, puisque, d'après un rapport de la Banque mondiale, la violence à l'égard des femmes est une cause de décès et d'invalidité chez les femmes en âge de procréer aussi importante que le cancer.
Les coûts de la violence entre conjoints (n.m. the spouse) ou partenaires intimes aux Etats-Unis représentent 5,8 milliards de dollars par an (4,1 milliards de dollars pour les frais (n.m.pl. the expenses) médicaux directs et indirects et 1,7 milliard pour la baisse de productivité qui en résulte).

6. La législation pourtant avance, même si c'est plutôt à pas de tortue! Ainsi, en Autriche et au Portugal, les femmes battues sont déjà autorisées à garder le domicile (c'est le mari violent qui est obligé de trouver un hébergement (n.m. the accommodation) ailleurs (elsewhere) ). Cette disposition fait partie d'un projet de loi sur la réforme du divorce en France. Mais il y a encore beaucoup à faire! Peut-être faudra-t-il attendre que plus de femmes occupent des postes de décideurs pour bousculer (v.gr.1 to disrupt) les lois mises en place par les hommes?

Mais il serait aussi intéressant d'essayer de comprendre pourquoi, de tout temps, les hommes sont portés sur la violence. Dans un monde où les média montrent plus de sang (n.m. the blood) que de fleurs, n'est-ce pas un phénomène qui risque de s'aggraver (v.gr.1 to worsen) ?


© ENEFF 2003