Art. 70 (17 mars 2006)


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La sonde américaine MRO (Mars Reconnaisance Orbiter) a réussi sa délicate mise sur orbite de la planète Mars

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1. Mars en français n'est pas seulement le nom d'un mois, c'est aussi le nom d'une planète, la très célèbre Planète Rouge qui reste encore remplie de mystère. Heureuse coïncidence donc, qui réunit le mois et la mise sur orbite de Mars de la sonde américaine MRO (Mars Reconnaissance Orbiter).
Un tonnerre d'applaudissements à la Nasa a salué la réussite de cette manoeuvre extrêmement délicate. Le succès en effet n'était pas garanti (rappelons que deux des quatre sondes envoyées vers la Planète Rouge par la Nasa avaient été perdues lors de leur mise en orbite).
Parti de la Terre le 12 août dernier, l’engin de 2,18 tonnes (un record pour une mission martienne) était lancé à la vitesse vertigineuse de 17 163 km/h, d'où la difficulté à échapper à la force d'attraction martienne.
Pour être happé par la force d'attraction martienne et se satelliser autour de la Planète Rouge, le MRO a dû freiner sa vitesse de 20%. Il a donc mis en route son moteur. Cette phase d'allumage du moteur a duré 27 minutes, pendant lesquelles le MRO est passé derrière Mars et a perdu le contact.
Dès que la sonde est réapparue, elle a émis de nouveau des signaux vers la Terre montrant qu'elle se trouvait là où elle devait être et  indiquant sa mise en orbite de Mars. Opération réussie après un périple de près de 500 millions de kilomètres!

2. Pendant les deux semaines à venir, MRO va rester sur une trajectoire elliptique autour de Mars puis, à la fin du mois, les ingénieurs de la Nasa lanceront la phase d’ « aérofreinage » qui durera jusqu’en septembre. La technique consiste à profiter de chaque passage de la sonde dans la haute atmosphère martienne – et donc des frottements occasionnés par les rares molécules de gaz présentes – pour la ralentir et «circulariser» progressivement son orbite à une altitude très basse comprise entre 255 et 320 km. Jamais un satellite ne se sera approché aussi près de la surface de l'astre rouge. Mais pas moins de 550 révolutions seront nécessaires pour placer le MRO dans cette position d'observation idéale.

3. Le principal objectif du MRO est la recherche d'eau «sous toutes ses formes», donc de vie possible, grâce notamment à HiRISE, la caméra la plus puissante jamais embarquée à bord d'un satellite qui sera capable de fournir des images d'une résolution de 30 cm. On pourra distinguer avec une grande netteté des roches et des couches de terrain de moins de 2 mètres de largeur. Les six instruments de grande puissance du MRO pourront récolter plus de données que toutes les autres missions martiennes réunies.
Grâce à l'orbite basse de la sonde, les deux autres caméras du MRO permettront d'établir une carte météorologique de Mars en trois dimensions. De son côté, le spectromètre Cris tentera de repérer des minéraux liés à la présence d'eau comme les fameuses argiles détectées récemment par la sonde européenne Mars Express, formées 500 millions d'années seulement après la naissance de Mars, à une époque où le climat de la Planète Rouge était chaud et humide, donc propice à l'émergence de la vie.
Le radar RSR à haute fréquence pourra sonder le sous-sol sur plusieurs centaines de mètres à la recherche de glace ou d'eau. Le radiomètre ASI analysera les poussières, la vapeur d'eau et les températures de l'atmosphère.

4. Les données et les images récoltées permettront de mieux comprendre les changements de l'atmosphère martienne et les phénomènes qui ont bouleversé la géologie de la planète où la vie a peut-être existé. Parmi les planètes du système solaire, Mars est celle qui ressemble le plus à la Terre et où il est le plus probable que la vie dans le passé a existé. Mars est donc de ce fait une destination de choix pour des expéditions humaines.
Cette mission de 720 millions de dollars s'ajoutera à celles de trois autres orbiteurs - deux américains, Mars Global Surveyor et Mars Odyssey, et un européen, Mars Express - qui sondent déjà la Planète Rouge à la recherche d'eau et de glace. Sur le sol martien, les robots Spirit et Opportunity ont aussi entamé leur troisième année d'exploration fructueuse qui a révélé la présence d'eau par le passé. Les robots ont pris des clichés où on voit des dépôts rocheux en forme de vagues, signes du passage d'eau.
Le MRO permettra peut-être d'éclaircir le mystère des tempêtes de poussières qu'observent régulièrement les robots. La sonde devrait également nous faire progresser sur la quantité de glace exacte présente dans le sous-sol martien, ainsi que sur la composition couche par couche des calottes aux pôles Nord et Sud. Enfin, elle tentera de trouver des sources hydrothermales qui peuvent exister à en croire la récente activité volcanique de la planète révélée par Mars Express.

7. Si on n'est pas encore sûr de la présence d'eau sur Mars, en revanche la sonde américaine Cassini aurait détecté la présence d'eau liquide sur Encelade, une lune glacée de Saturne. Les images à très haute définition prises entre décembre 2004 et décembre 2005 par Cassini, dont certaines à seulement 165 kilomètres d'altitude permettent de voir des éruptions de jets de glace et des panaches géants de vapeur d'eau. Ces jets d'eau et de vapeur pourraient provenir de poches d'eau souterraines alors que la température en surface ne dépasse pas - 200 °C. Une autre destination pour les missions habitées? Frileux s'abstenir!

© ENEFF 2006