Art. 69 (28 février 2006)
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Le CARNAVAL : une vieille tradition qui n'a pas pris une ride
Mardi Gras, les réjouissances du Carnaval battent leur plein. En cette époque de morosité, ce défoulement populaire est le bienvenu.
1. On peut lire dans la presse "Premier Mardi Gras célébré à La Nouvelle Orléans après le passage de Katrina - les Louisianais oublient pour un temps leurs malheurs". Cette tradition du Carnaval est loin de tomber en désuétude. Au contraire, on a l'impression que les gens en ont besoin comme d'une thérapie pour oublier que les temps sont durs : séismes, crashes aériens, pollution de l'environnement, guerres, attentats, grippe aviaire et autres épidémies ravageuses. Non seulement les Carnavals les plus célèbres : Dunkerque et Nice en France, Venise en Italie, Cologne en Allemagne, Rio au Brésil, La Nouvelle Orléans en Louisiane, Binche en Belgique, Olney en Grande-Bretagne, attirent de plus en plus de touristes, mais encore, de plus en plus de communes organisent pendant cette période qui précède le Carême, des manifestations où la rue est prise d'assaut par les participants déguisés et bien décidés à s'amuser.
2. Le Carnaval existe depuis plus de 2000 ans. Traditionnellement, il commence à l'Epiphanie (le 6 janvier) et se termine au Mardi Gras. Le lendemain, appelé Mercredi des Cendres, marque le début de la période de Carême qui dure 40 jours, jusqu'à Pâques. La date de Pâques n'est pas fixe, car elle dépend du cycle de la lune. Ainsi, cette année, Pâques tombe le dimanche 16 avril et le Mardi Gras, le 28 février. Bien sûr, peu de Carnavals durent du 6 janvier au Mardi Gras! Mais la plupart se déroulent au moins sur trois jours, le plus souvent sur une semaine. Le point culminant est la période : dimanche, lundi et mardi gras. Au cours de ces festivités, les déguisements permettent d'abolir les différences : de sexe, de classe, d'âge... et chacun peut, pour quelques jours, se sentir "autre".
3. Le mot "carnaval" vient de l'italien "carnelevare" (enlever la viande) parce qu'il est suivi du Carême pendant lequel on jeûne. Cela signifie qu'on ne mange pas de viande, pas de graisse, pas d'oeufs, pas de douceurs, qu'on ne boit pas d'alcool, qu'on ne s'amuse pas, bref, qu'on se prive de tous les plaisirs de la vie. Alors, pour se préparer, on fait une fête monstre au cours de laquelle on boit, on mange, on rit...
Comme on ne consommera pas d'oeufs pendant le Carême, la tradition dans de nombreux carnavals veut que l'on prépare des crêpes au Mardi Gras.
Ainsi, à Olney, en Angleterre, ils organisent une... course de crêpes ! Les participants doivent se rendre en courant à l'église, tout en faisant sauter leurs crêpes encore chaudes, dans la poêle qu'ils tiennent à la main, au moins trois fois avant d'atteindre l'église !
On retrouve les oeufs aussi à Pâques. Tous ceux qu'on n'a pas été autorisé à manger pendant le Carême sont colorés pour fêter Pâques.
4. Avec Dunkerque, le plus fameux des carnavals en France est celui de Nice, qui remonte au Moyen Age. Il est connu internationalement, avec sa célèbre bataille de fleurs créée en 1830, qui a lieu sur la promenade des Anglais depuis 1876, avec ses chars fleuris et ses fameuses grosses têtes, réalisés par les carnavaliers. Ces amateurs du spectacle consacrent des milliers d'heures à la création de leurs oeuvres. Le thème du défilé change chaque année.
5. Le Carnaval de Venise est un des plus célèbres du Monde. Il est particulièrement réputé pour ses masques originaux et ses costumes somptueux. Les masques vénitiens étaient portés à de nombreuses occasions tout au long de l'année. Le plus ancien document y faisant allusion date de 1268.
Déjà au XIè siècle, les gens déguisés, vêtus de masques et de costumes flamboyants, animaient la ville pendant deux mois, du 26 décembre au Mardi Gras. On organisait des jeux, des mascarades, des concours, des courses, de nombreux spectacles de rue...
Le Carnaval, édition 2006, durera dix jours. Spectacles de rue et fêtes privées dans les palais auront pour thème cette année la Chine et les voyages de Marco Polo.
Aujourd'hui, les Vénitiens de souche regrettent que trop de visiteurs viennent au Carnaval, comme on va au spectacle, sans prendre la peine de se déguiser et de participer à la fête. Il faut dire que la location d'un costume atteint 200 euros!
6. Le Carnaval à Rio de Janeiro, au Brésil est un héritage colonial, importé par les Portugais. Même les esclaves participaient à la fête, se maquillant et se déguisant avec les perruques et les vêtements de leurs maîtres.
Depuis 1940, sous l'influence italienne les bals masqués sont apparus. Les danses traditionnelles animent les rues, colorées par les costumes folkloriques, les plumes et les paillettes.
Dès les années vingt, des écoles de Samba paradent pour l'évènement. Elles contribuent à la richesse et à l'originalité du Carnaval. Les milliers de participants, venant essentiellement des quartiers pauvres, ont l'occasion de montrer leurs talents. Beaucoup dépensent des fortunes pour la confection de leur costume.
Le Carnaval de Rio de Janeiro est aujourd'hui réputé comme le plus grand, le plus extravagant et le plus célèbre du monde. Le plus meurtrier aussi, car parfois, sous un masque se cache un assassin et les réglements de comptes ne sont pas rares en cette période de folie!
7. Le Carnaval de Binche est le plus célèbre de Belgique, réputé pour ses fameux Gilles aux costumes péruviens.
Leur origine daterait de 1549. Lors d'une fête organisée par Marie de Hongrie, des acteurs coiffés de plumes, déguisés en Incas, imitaient les Espagnols qui venaient de conquérir le Pérou. Ce costume serait devenu une tradition locale.
Pour être un de ces personnages il faut être né à Binche ou y résider depuis cinq ans au moins. Les Gilles en costume traditionnel ne sont pas autorisés à se montrer en dehors de la ville de Binche. Pour les voir, il faut donc se déplacer... et faire la fête avec eux!
© ENEFF 2006