Art. 60 (31 août 2005)


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LES CRASHES AERIENS DE NOUVEAU A LA UNE DES MEDIAS

Devant le nombre de catastrophes aériennes de ces derniers mois, certains s'interrogent sur la fiabilité des vols charters et sur la sécurité aérienne dans son ensemble.

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1. Si vous allumez votre radio ou votre téléviseur, vous ne pouvez y échapper. On ne parle en ce moment que de ce drame! Une nouvelle catastrophe aérienne, cette fois au Vénézuela, fait la Une des médias. Le 16 août dernier, un avion charter de la compagnie West Caribbean, un McDonnell-Douglas 82, avec à son bord 152 passagers et 8 membres d'équipage, effectuait un vol entre le Panama et l'île de la Martinique. Constatant une panne de moteur, le commandant de bord a modifié son parcours pour atterrir d'urgence à l'aéroport Chinita, dans l'ouest du Venezuela, mais il s'est écrasé avant d'y parvenir, sur la Sierra de Perija. On ne compte hélas aucun survivant. Les victimes étaient toutes originaires du département français d'Outre-Mer et en Martinique, l'émotion et le chagrin sont vifs. Des cellules d'assistance psychologique ont été immédiatement mises en place pour venir en aide aux proches des victimes et les aider à surmonter cette terrible épreuve. Pour la compagnie colombienne West Caribbean Airways, créée en 1998, le bilan est lourd puisque c'est le deuxième crash cette année. En mars dernier, un bimoteur s'est écrasé pendant son décollage faisant huit morts et six blessés.

2. Grâce à l'examen des boîtes noires du biréacteur qui vient de s'écraser au Venezuela, les experts espèrent trouver la cause de la catastrophe. Il semble que les deux réacteurs ont cessé de fonctionner presque simultanément. Ce type d'accident, rarissime, peut s'expliquer par une panne sèche de carburant, par un défaut de maintenance simultanée, ou encore par la défaillance du pilote qui, au lieu de couper le moteur en difficulté aurait éteint celui qui continuait de fonctionner.
Dans le cas de l'avion chypriote qui s'est écrasé au nord d'Athènes, les pilotes étaient inconscients, sans doute à la suite d'un problème de pressurisation, mais pour le moment, ce n'est qu'une hypothèse et on recherche les véritables causes du crash.

3. Décidément, les avions traversent une mauvaise période! Et ceux qui doivent prendre un avion pour leur travail ou leurs loisirs sont de plus en plus inquiets!
Déjà la France avait été frappée par le drame de Charm el-Cheikh en 2004, où le crash d'un charter d'une compagnie égyptienne avait fait 148 morts. Mais cet été 2005 est particulièrement lourd pour l'aviation civile dans son ensemble. En effet, après la sortie de piste d'un Boeing 747 d'Air France à Toronto (heureusement, grâce au sang-froid et à la formation du personnel navigant, on ne déplore pas de victimes), le crash d'un charter tunisien au large de la Sicile faisant au moins treize morts et trois disparus dont on est toujours sans nouvelles, et l'accident d'un 737 de la compagnie chypriote Helios, tuant les 121 personnes qui se trouvaient à bord, le bilan s'alourdit.

4. Le fait que plusieurs de ces crashes sont intervenus alors que les passagers voyageaient sur des charters de compagnies non européennes pose à nouveau la question de l'affrètement d'appareils étrangers par des tour-opérateurs. Rappelons qu'environ 70% des vols charters utilisés en France sont assurés par des compagnies extra-européennes.
Au lendemain de la catastrophe de Charm el-Cheikh, en janvier 2004, le ministre des Transports de l'époque, Gilles de Robien avait annoncé la création d'un "label de sécurité" appelé "label bleu" qui serait une sorte de garantie de la fiabilité des compagnies. En 2005, le dispositif n'existe toujours pas. Pourquoi cette lenteur? Pour les tour-opérateurs un tel label sur leurs brochures serait un excellent argument commercial. Les transporteurs aériens, eux, sont plus réservés. Certains, irréprochables sur leurs lignes européennes, auraient du mal à obtenir le label pour certaines régions du monde où les compagnies sont moins strictes pour les contrôles des avions et de la sécurité.
Si on peut contrôler les compagnies qui atterrissent sur des aéroports français ou qui en décollent, comment être certain que les lignes intérieures empruntées par les voyageurs pour la suite de leur voyage offriront le même niveau de sécurité?
Et comment les voyageurs pourront-ils être assurés que le vol qu'ils emprunteront aura ce label? Auront-ils accès à une "liste bleue"? Et si en dernière minute le tour-opérateur change de ligne aérienne intérieure pour une quelconque raison?

5. On ne peut non plus s'empêcher de se poser la question de la sécurité sur les compagnies low cost et les charters principalement. Les prix bas que ces compagnies pratiquent ne peuvent être proposés que si on réduit sensiblement les coûts et certains craignent, de ce fait, que la maintenance et la formation des pilotes n'en souffrent.
Les compagnies achètent parfois des pièces contrefaites moins chères et de moins bonne qualité pour équiper leurs appareils. Les avions vieillissent et une mauvaise maintenance augmente les risques. Par ailleurs, certains pays en voie de développement ne peuvent s'équiper que d'avions d'occasion et essaient parfois d'économiser sur les contrats de maintenance. Pourtant, si on veut se rendre d'une ville à l'autre dans ces pays, on n'a pas souvent le choix !
Mais ce ne sont pas les grosses compagnies low cost comme Ryan Air et Easy Jet qui ont été frappées ces derniers temps et les compagnies nationales et internationales ne sont pas non plus à l'abri d'un problème. Est-il possible de garantir qu'un pilote, pourtant en bonne santé ne sera pas victime d'un malaise? Qu'un contrôleur n'aura pas mal fait son travail? Qu'une pièce ne "lâchera"pas? Que les conditions météorologiques ne seront pas si mauvaises que l'avion devra atterrir en urgence?

6. Avec l'essor du trafic aérien dans les années à venir, on peut s'attendre à une augmentation des accidents et il faut dès à présent prendre des mesures pour les éviter. Les formations des pilotes se font de plus en plus sur des simulateurs de vol, et la mise en place d'un label bleu serait une bonne chose, mais il faut aussi que les pays émergents fassent un réel effort pour être plus stricts et donc offrir des garanties sur leurs lignes, surtout leurs lignes intérieures que les voyageurs ne peuvent éviter de prendre ... sans risque.

Il est vrai que les catastrophes aériennes frappent les esprits. Parmi les plus dramatiques : une collision en 1977 entre deux Boeing sur l'aéroport de Ténérife a fait 583 morts et un accident d'un Boeing 747 de la Japan Airlines entre Tokyo et Osaka, 520 morts en 1985.
Mais pensez-vous, lorsque vous vous asseyez dans une voiture, au risque que vous courez? Et vous rappelez-vous les chiffres de la sécurité routière sur les décès sur les routes? En France seulement, en 2003, 5 732 personnes sont mortes sur la route. Et les accidents domestiques tuent près de 10 000 personnes chaque année (surtout des enfants et des personnes âgées). Alors, si ce n'est même pas plus sûr de rester chez soi, pourquoi avoir si peur de mourir dans un crash aérien? Difficile à expliquer!

© ENEFF 2005