Art. 59 (14 août 2005)


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LES POLES DE COMPETITIVITE

Devant la crise de l'emploi, le Premier Ministre lance les Pôles de Compétitivité pour favoriser les embauches et le développement économique.

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1. Dans la majorité des sondages, le problème de l'emploi ressort comme la plus grande préoccupation des Français.
Depuis quelques années, l'insécurité des revenus, la menace du chômage, la précarité rendent les Français moroses et peu enclins à consommer. Au contraire, l'épargne (si les rentrées financières le permettent) aurait plutôt tendance à augmenter.
Pour faire sortir l'argent des comptes et pousser les citoyens à acheter, le Gouvernement baisse d'ailleurs régulièrement les taux d'intérêt du Livret A (le livret d'épargne le plus populaire en France, qui passe ce mois-ci de 2,25% à 2%). Mais cela ne résoud pas le problème de l'emploi et le Gouvernement de Jean-Pierre Raffarin avait dans ses projets, de mettre en place des pôles de compétitivité pour créer des embauches et relancer l'économie. Après le référendum pour la constitution européenne, Jean-Pierre Raffarin a cédé la place à Dominique de Villepin qui vient de déclarer la mise en place de ces pôles.

2. En décembre 2004, un appel à projets a été lancé pour identifier les projets potentiels pour faire partie des pôles de compétitivité. Il s'agit de proposer des activités réunissant les entreprises, les centres de recherche et développement et les organismes de formation avec pour stratégie, le développement d'un territoire et d'un secteur d'activité dominant.
Ces pôles visent d'abord à donner un coup de pouce à l'innovation, à lutter contre les délocalisations et à doper les exportations. Ils ont pour objectif de faire travailler ensemble un réseau d'entreprises, d'universités et de laboratoires de recherches pour aboutir à des applications industrielles.
En juillet 2005, 105 projets ont été présentés par les régions et parmi ces projets, 67 pôles de compétitivité viennent d'être labellisés par le gouvernement et dotés d'un budget de 1,5 milliard d'euros (le double du budget prévu à l'origine). Ils seront mis en place dès septembre 2005.

3. Les pôles sont divisés en plusieurs catégories : six projets mondiaux (comme Lyonbiopôle, aéronautique sur Bordeaux-Toulouse et les nanotechnologies à Grenoble), neuf projets "à vocation mondiale" destinés à rejoindre le groupe de tête, et 52 à vocation nationale. La palme revient à la région Rhône-Alpes avec 18 projets acceptés, suivie de la région Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) avec chacune 9 projets retenus. Tous les pôles ont le même statut et les mêmes avantages: allègement des charges sociales et fiscales et renforcement de la veille technologique. Mais les conditions seront un peu différentes selon les niveaux. Les six projets mondiaux qui sont déjà leaders dans leurs secteurs et qui réunissent chacun plus de 5000 chercheurs, bénéficieront en priorité d'une partie des 3000 postes de chercheurs qui seront créés en 2006, de financements privilégiés et de procédures accélérées. Tous les projets retenus seront régulièrement évalués par le groupe des personnalités qualifiées qui ont étudié les dossiers de candidature. Un nouvel appel à projets sera lancé cet automne, notamment dans le tourisme, la culture et l'environnement.

4. Ces pôles seront financés entre autres par des fonds provenant des privatisations et ils seront mis en place progressivement jusqu'en 2008. Parmi les 67 pôles qui vont être créés, neuf sont liés aux technologies de l'information et de la communication. Trois d'entre eux sont considérés comme ayant une portée mondiale et les budgets nécessaires leur seront alloués en priorité. Le plus important d'entre eux est le pôle "solutions communicantes sécurisées" (SCS), du groupe franco-italien de semi-conducteurs ST Microelectronics. Il sera implanté en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Grâce à ce projet, fer de lance de l'emploi en région PACA, les effectifs directs pourraient passer de 41.000 en 2005, à plus de 65.000 en 2015. Il est axé sur le développement des cartes à puce, secteur sur lequel la France est pionnière. Mais il travaillera également sur les solutions d'étiquettes électroniques (RFID) pour l'identification numérique et la traçabilité.
En Île-de-France, le projet "System@tic", porté par le groupe français de technologies de sécurité et de défense Thales, souhaite devenir la «référence dans le domaine des solutions de gestion et de maintenance des systèmes d'information complexes». Il s'agit des réseaux informatiques de trois secteurs: l'automobile, le transport et la défense nationale.
"Minalogic" est le dernier pôle mondial. Il est fédéré par la région Rhône-Alpes et soutenu par l'équipementier électrique français Schneider Electric. Il concerne les miniaturisations électroniques, notamment les nanotechnologies.

5. Pour beaucoup de régions, ce vaste projet des pôles de compétitivité pourrait être une merveilleuse bouffée d'oxygène et redonner de l'espoir aux demandeurs d'emploi ainsi que le sourire aux commerçants. Toutefois, les emplois qu'il générera seront bien spécifiques et laisseront sûrement de côté les jeunes moins qualifiés ou dont la spécialisation ne colle pas aux nouvelles technologies. Il reste à espérer que la consommation, elle, reprendra et de ce fait, générera des emplois dans d'autres secteurs.... un cercle pas si vicieux que cela!

© ENEFF 2005