Art. 56 (30 juin 2005)


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FERROUTAGE

En 1999, 39 personnes sont mortes dans l'incendie du tunnel du Mont Blanc. Après l'accident mortel du tunnel du Fréjus en mai dernier on reparle du ferroutage comme solution pour le transport des marchandises.

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1. Le 4 juin, un grave incendie dans le tunnel du Fréjus qui traverse les Alpes entre la France et l'Italie a provoqué la mort de deux chauffeurs de poids lourds. Un camion transportant des pneumatiques a soudain pris feu au milieu du tunnel. La température a atteint 1000 degrés et les pneus en feu ont rapidement dégagé une épaisse fumée noire qui a rendu très difficiles les interventions des secours italiens. Le jeune conducteur serbe est descendu de son poids lourd et a actionné le signal d'alarme. Il a ensuite commencé à courir en direction de l'Italie. Le feu s'est propagé à un camion transportant du vernis (matière hautement inflammable), à un autocar et à une voiture particulière. Deux jeunes conducteurs d'Europe de l'est sont morts dans l'incendie, cinq personnes ont été hospitalisées et plusieurs véhicules ont été détruits. La réouverture du tunnel du Fréjus ne sera pas possible avant plusieurs semaines.

2. Après la catastrophe du Mont Blanc et sa fermeture pendant de nombreux mois, le trafic a été détourné vers le Fréjus et beaucoup d'argent a été dépensé pour améliorer la sécurité dans ce tunnel. Mais le projet de doublement de la galerie, qui permettrait aux véhicules de rouler sur deux voies dans chaque sens, en deux galeries bien séparées, n'a jamais été lancé. En outre, le trafic des poids lourds dans le Fréjus n'a pas cessé d'augmenter depuis les limitations dans le tunnel du Mont Blanc.

3. Entre la France et l'Italie, les deux principales liaisons routières sont le tunnel du Mont Blanc et celui du Fréjus. Dans le Mont Blanc, le trafic actuellement est limité à 1300 camions par jour, et le tunnel du Fréjus jusqu'à l'accident voyait passer 3600 camions avec des pointes à 5500 en moyenne. Maintenant, plusieurs milliers de camions cherchent un passage à travers les Alpes. Une circulation alternée a été mise en place dans le tunnel du Mont Blanc, mais les habitants de la vallée de Chamonix protestent contre l'augmentation de la pollution due aux poids lourds.

4. Alors quelle solution adopter? Le ferroutage : mettre les camions sur les trains, comme cela se fait déjà en Suisse. Aux Etats-Unis, 40% du fret voyage sur les rails. Une solution qui limite la pollution, réduit la fatigue des conducteurs, épargne les infrastructures routières et diminue le nombre d'accidents et de morts sur les routes. Une liaison ferroviaire existe déjà mais le tunnel n'est pas assez large et seuls les camions-citernes sont chargés sur la navette.
Il existe un projet de construction d'une ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin (300 km de voies nouvelles un tunnel de 52 km sous les Alpes) mais le coût est élevé (12,5 milliards d'euros) et les discussions entre les parties responsables n'avancent pas. Cette ligne permettrait pourtant de se rendre de Lyon à Turin en deux heures.
Une autre solution : le transport par les fleuves ou la mer peut être envisagée, comme pour l'autoroute maritime Toulon-Rome. Il faut la développer. Mise au point en 2005, elle transporte seulement entre 25 à 50 véhicules en moyenne pour une capacité maximale de 150 poids lourds.

5. Alors pourquoi cette inertie dans l'utilisation de solutions alternatives à la route? Les poids lourds sont responsables de nombreux accidents sur les routes et de la pollution. Les carburants sont de plus en plus chers et nos réserves de combustibles fossiles diminuent, mais le lobby des transporteurs routiers reste puissant. En effet, en cas de conflit, ils bloquent les routes, comme cela s'est passé dans les années 1990.
Le transport des marchandises par la route est plus souple pour le porte à porte que le transport des poids lourds sur des trains, mais ce serait bien mieux de pouvoir rouler sur des autoroutes moins dangereuses et moins polluées.

© ENEFF 2005