Art. 55 (14 juin 2005)


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CANNES 2005

Pour la deuxième fois, les réalisateurs belges Luc et Jean-Pierre Dardenne remportent la Palme d'or du Festival international du film.

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1. Le 58è Festival international du film s'est terminé le 22 mai dernier par la victoire des frères Dardenne pour leur film L'enfant. Ce film a été applaudi tant par le jury du Festival que par les festivaliers sans doute parce qu'il colle à la vie. Le portrait des relations dans la famille et de la misère humaine ne laisse pas indifférent à une période de conflits sociaux généralisés. Cette palme consacre en quelque sorte la victoire du réalisme dur sur la fiction qui alimente l'industrie cinématographique à grand spectacle avec des films comme Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux.
Lorsque les frères Dardenne ont remporté leur première Palme d'or à Cannes en 1999, c'était déjà avec un film social : Rosetta qui traitait du problème du chômage. La technique utilisée dans ce film, appelée "caméra à l'épaule" était assez singulière bien que parfois fatigante pour le spectateur.
Avec cette deuxième Palme d'or, les réalisateurs belges rejoignent le club très fermé des rares artistes ayant obtenu deux palmes : Emir Kusturica, Francis Coppola, Shohei Imamura et Bille Auguste.

2. Comme chaque année, le Festival du cinéma a connu un vif succès. C'est toujours un rendez-vous important aussi bien pour les acteurs qui souhaitent se montrer et établir des contacts pour leur futurs contrats, que pour les producteurs à la recherche de l'acteur ou de l'actrice qui conviendra le mieux pour les rôles de leurs nouveaux films. Il s'agit donc de se montrer sous son meilleur jour et les fans des célébrités sont à l'affût sur la Croisette pour essayer d'apercevoir -et si possible photographier- leur vedettes préférées! C'est le lieu de rencontre de la mode aussi, et les grands couturiers et les bijoutiers renommés n'hésitent pas à prêter toilettes et bijoux aux personnalités en vue pour qu'elles leur servent de vitrine en quelque sorte. Bien entendu, elles sont accompagnées de discrets gardes du corps!
Lors de la cérémonie d'ouverture, le célèbre grand escalier recouvert d'un tapis rouge est pris d'assaut par les journalistes et le public que les agents de la sécurité empêchent de s'approcher. Cette rencontre est fortement médiatisée avec aujourd'hui près de 4000 journalistes représentant plus de 1600 médias. La télévision internationale retransmet l'événement en direct et vous pouvez admirer les tenues -parfois extravagantes-des célébrités.

3. Le premier Festival international du film s'est ouvert le 20 septembre 1946 à l'ancien Casino de Cannes. Cette ville a été choisie pour sa situation géographique dans une région ensoleillée et particulièrement attrayante.
Depuis sa création, il a lieu tous les ans d'abord en septembre, puis en mai (sauf en 1948 et en 1950, faute de budget), pour une durée moyenne de deux semaines. En 1968, les événements politiques ont eu pour conséquence son interruption.
Au départ, le Festival était plus une manifestation touristique et une occasion de rencontres dans le milieu cinématographique qu'une compétition, mais au fil du temps, cette tendance a changé et c'est maintenant le rendez-vous incontournable des professionnels du film. En 1959, le Marché du Film est officiellement créé. Il devient rapidement une plate forme très importante pour le commerce international des films. Depuis l'an 2000, un Village International est installé tout autour du Palais des festivals et permet aux pays participants de présenter leur culture aux nombreux festivaliers.
Le Président du jury change chaque année. En 2005, la présidence a été assurée par Emir Kusturica, le réalisateur yougoslave deux fois Palme d'or à Cannes (Papa est en voyage d'affaire en 1985 et Underground en 1995).

4. Les films primés au Festival sortent maintenant dans les salles de cinéma, et le public peut à son tour se faire une opinion. Beaucoup passeront aussi sur les chaînes de télévision, dans quelques mois ou peut-être un ou deux ans, en version originale sous-titrée ou en version française. Alors, les Français vont-ils attendre de pouvoir les découvrir tranquillement chez eux sur leur petit écran, ou bien se précipiteront-ils pour avoir la primeur et le privilège de pouvoir en parler dès maintenant avec leurs amis? Il semble qu'après avoir boudé les salles de ciné, les Français ont repris le chemin des cinémas. La fréquentation a atteint un record en 2004 avec près de 200 millions de spectateurs dans les 5 300 salles que compte le pays (quatrième derrière la Chine : 60 000, les Etats-Unis : 35 000 et l'Inde : 12 000).
Pourquoi cet engouement? De bons films à l'affiche, des multiplexes confortables où on n'est pas gêné par les personnes assises devant nous et des tarifs raisonnables attirent de plus en plus de monde, mais aussi peut-être les horaires de travail réduit, le chômage, et les nouvelles technologies utilisées qui font qu'un film est bien mieux mis en valeur sur un grand écran. Le prix moyen d'un billet de cinéma en France tourne autour de 5,75 € et 60 % des tickets vendus sont proposés à prix réduit. En outre, de plus en plus de chaînes de distribution cinématographique proposent des abonnements valables un an, à un tarif intéressant. Certains cinémas proposent aussi des séances le dimanche matin, à un prix réduit. Cela permet au père d'emmener les enfants au cinéma pendant que la mère prépare le déjeuner, ou encore de faire la grasse matinée et de commencer la journée par un film!
Les films tournent plus souvent : ils passent à des horaires qui changent chaque semaine et cela permet de montrer un plus grand nombre de films différents dans les salles existantes.

5. L'industrie du film ne donne pas seulement du travail aux vedettes. Outre les techniciens, les personnes responsables de la publicité, et les costumiers, il y a aussi toute une catégorie de linguistes qui apportent leur contribution à la version sous-titrée ou doublée du film. Malheureusement, peu de salles en France proposent les films en version originale, car la majorité des spectateurs n'ont pas envie de risquer de perdre une partie de l'image parce qu'ils sont obligés de se concentrer sur les textes. Dommage pour ceux qui voudraient profiter du cinéma pour entretenir ou développer leurs connaissances linguistiques, mais aussi, dommage de perdre toute la gestuelle propre à la langue.
Avez-vous déjà vu des films d'Akira Kurosawa , le célèbre metteur en scène japonais, en version originale? Non? Essayez un jour, vous ne le regretterez pas! L'expression théâtrale des visages reflète parfaitement les sonorités de la langue et s'accommode assez mal des sons du français!

© ENEFF 2005