Art.43 (05 décembre 2004)

AVORTEMENT: LA LOI VEIL A TRENTE ANS

Il y a trente ans, Simone Veil, alors Ministre de la Santé, faisait adopter une loi légalisant l'avortement. Où en sommes-nous, concrètement?

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1. Le 26 novembre 1974, après une séance (nf session) des plus houleuses (stormy) à l'Assemblée nationale, le Ministre de la Santé, Simone Veil, réussit à faire voter la loi (nf law) sur l'IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) qui allait radicalement (completely) changer la vie d'une grande partie de la population, et aussi, les relations hommes/femmes.
Les hommes n'ont pas accepté sans protester de ne plus être les seuls maîtres de la procréation. C'est sans doute la raison pour laquelle, il a été si difficile de réunir les votes d'une Assemblée constituée presque dans sa totalité, d'hommes. C'est finalement grâce aux votes de la Gauche que la loi a été adoptée.


2. A l'époque où Simone Veil, avec d'autres personnalités, lance son action en faveur de la légalisation de l'avortement, la France compte chaque année 300 000 avortements illégaux et donc à risque dans la majorité des cas. Les moyens contraceptifs sont peu sûrs et les droits de la femme souvent ignorés. L'éducation sexuelle reste limitée, voire inexistante. Lorsqu'une femme constate (to notice) qu'elle n'a plus ses règles (nfpl periods), et donc qu'elle a de fortes chances (the chances are) d'être enceinte (pregnant), elle ne souhaite pas toujours garder le bébé : la grossesse peut survenir chez de très jeunes filles immatures, la famille est peut-être déjà trop grande pour les revenus du couple (environ 40% des femmes qui se font avorter ont déjà eu des enfants) et une autre bouche (nf mouth) à nourrir est perçue comme une catastrophe pour l'ensemble de la famille, ou encore, la grossesse résulte d'un viol.
Quel choix ont alors les femmes? Celles qui ont les moyens financiers de se rendre à l'étranger (abroad), choisissent les cliniques de Grande-Bretagne, des Pays-Bas ou de l'Espagne pour ce type d'intervention. En 1975, 23 000 IVG ont été faites dans ces conditions (contre 5 000 en 1999).
Pour les autres, c'est la clandestinité (nf secrecy) auprès de (from) certains médecins ou le recours (nm resort) à des méthodes ancestrales chez les "faiseuses d'anges" (nf back-street abortionist), comme étaient appelées les femmes qui pratiquaient ces interventions sans aucune formation médicale.

3. Au XXIè siècle, dans la plupart des pays du monde (94% des pays en voie de développement) l'avortement reste illégal, même si, sur les 20 millions de femmes qui avortent illégalement, 70 000 meurent encore chaque année. Rappelons qu'en Europe, région qui n'est pas considérée comme "en voie de développement", l'Irlande, le Portugal et la Pologne interdisent toujours l'avortement. Trente ans après la légalisation des pilules (nf pill) contraceptives (en 1978 pilule et stérilet étaient utilisés par 36,9% des femmes âgées de 20 à 44 ans, contre 62,7% en 2000) et de l'IVG (avec la loi Aubry de 2001, le délai pour subir une IVG est passé de 10 à 12 semaines), il reste encore 220 000 cas d'avortement par an en France. On estime qu'une fois dans leur vie, les Françaises ont une grossesse indésirée qui, une fois sur deux, se transforme en avortement.
La proportion des mineures ayant recours à une IVG est en constante augmentation (moins de 8 500 en 1995, 11 000 en 2002).
Les risques de saignement (nm bleeding) demeurent mais la mortalité qui était d'un décès par jour dans les années 1960, n'est plus que de deux par an. Un énorme progrès dû à la forte diminution des morts par septicémie (blood poisoning) liée aux interventions clandestines.

4. Comment expliquer que le nombre d'avortements ne baisse pas plus sensiblement?
Les raisons sont multiples : allongement (nm increase) de la vie sexuelle (les jeunes commencent de plus en plus tôt leurs relations sexuelles, souvent autour de (around) 15 ans), manque (nm lack) d'information sur la contraception (malgré les campagnes du Planning Familial et des parents normalement mieux informés eux-mêmes), inégalité (nf inequality) sociale face aux méthodes contraceptives (certaines pilules ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale, alors que l'IVG, depuis la loi Roudy en 1981, est prise en charge). A cause de restrictions budgétaires du Ministère de la Santé les services hospitaliers sont engorgés (congested). Dans la région parisienne par exemple, 40% des lits (nm bed) des cliniques privées qui étaient réservés à l'avortement ont été fermés et près de la moitié des 857 services de gynéco-obstétrique ne font pratiquement pas d'avortements.
D'autre part, le nombre de gynécologues-obstétriciens est insuffisant, et les futurs médecins ne sont formés ni à l'IVG ni à la contraception.
La liste d'attente pour une IVG peut atteindre trois semaines. Les femmes qui ont alors parfois dépassé le délai (nm time limit) légal, sont obligées de se rendre à l'étranger où l'avortement est possible à un stade plus avancé de la grossesse.

5. Les femmes ont maintenant plusieurs moyens de contrôler leur fécondité : pilule contraceptive, préservatif (nm condom), stérilet (nm coil), et si malgré tout un "accident" arrive, elles savent que l'IVG dans un hôpital est possible, mais aussi, qu'elles peuvent prendre "la pilule du lendemain"(nm day after). Une IVG médicamenteuse (medicinal) est réalisable (feasible) en hôpital, mais aussi chez le gynécologue ou le médecin de ville. Malheureusement, les femmes n'ont pas toutes le choix entre un avortement chirurgical ou médicamenteux. Certaines qui auraient pu bénéficier d'un avortement par pilule ont été obligées d'avoir une IVG par aspiration (nf vacuum extraction) du foetus parce qu'elles n'avaient pas pu obtenir un rendez-vous assez rapidement. Il est maintenant question de rendre accessible cette pilule du lendemain dans les lycées (secondary school/high school), par l'intermédiaire (via) de l'infirmière (nf nurse) de l'établissement.

6. La contraception est un énorme progrès dans la vie des femmes. Progrès que beaucoup ne connaissent pas, dans les pays en voie de développement. L'avortement, lui, reste un traumatisme. Une femme dont le rôle est de donner la vie souffre de la supprimer. Pour éviter ce choix difficile, il est impératif de mieux informer les jeunes des risques d'un oubli (nm forgetting) et de la possibilité de la pilule du lendemain. Ils doivent aussi prendre conscience que leurs relations sexuelles incontrôlées peuvent aboutir à une conception indésirée qui les mettra face à cet énorme dilemme : la vie ou la mort pour le foetus.
Ces sujets ne sont malheureusement pas assez souvent abordés (to approach) dans les échanges entre parents et enfants. Un peu plus de communication sur ces sujets qui restent encore tabous pour de nombreuses personnes, pourrait éviter des drames et des souffrances.

© ENEFF 2003

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